La Hongrie toujours aussi combattive face au régime illibéral d’Orban


La Hongrie toujours aussi combattive face au régime illibéral d'Orban


Les atteintes à l’État de droit en Hongrie continuent de dégrader les droits des femmes et des personnes LGBTQIA. L’interdiction de la Pride votée au parlement le 18 mars 2025 en est le dernier exemple. Plusieurs fois condamné par l’UE notamment pour l’absence d’indépendance de la justice ou pour ses mesures racistes à l’égard des migrantes et des personnes rom, le régime illibéral d’Orban s’appuie sur les modèles masculinistes des régimes russe de Poutine et dorénavant américain de Trump et Musk. Classée au 26ème rang sur 27 de l’indice d’égalité de l’Institut pour l’égalité des genres en Europe (EIGE) la Hongrie ne semble pas progresser malgré une société civile résistante.



« Justice for M »
L’immense verrière de la gare de Budapest-Nyugati (gare de l’ouest), fait de cette ancienne gare l’une des plus imposantes d’Europe centrale. On raconte qu’au moment de sa construction en 1877, le quartier avait si mauvaise réputation que des associations de femmes venaient accueillir les jeunes filles qui y arrivaient pour les protéger d’agresseurs potentiels. Aujourd’hui, lorsqu’on y arrive par l’un de ces trains de nuit remis en place par l’UE, la cathédrale de métal et de verre s'ouvre sur le décor interchangeable des MacDo et Starbuck, dans un grand désordre de voitures, bus, tramway et l’éclat joyeux d’un soleil printanier.

À deux rues de la gare, se tient le siège de l’association EMMA (https://urlr.me/EAMuUz)  avec laquelle nous avons notre premier rendez-vous en Hongrie, ce vendredi 7 mars. Des retrouvailles attendues avec une association que nous avions déjà rencontrée en juillet 2022 lors du premier tour européen et qui était présente à Nantes pour le colloque de décembre 2023. Au détour de la rue Stollár Belá, dans un bac à fleurs municipal, des origamis, fleurs, bougies et photos ont été déposés. Un message : « We will go home. For us, our children, and for you. Let us go!!! Justice for M » attire l’attention sans livrer complètement son sens. À minima, des enfants séparés de leur mère, des violences et hélas probablement un féminicide. Nos premiers pas dans Budapest trébuchent sur ce frêle monument.

Depuis 15 ans, les violences fondées sur le genre ne sont pas la priorité du pouvoir en place. La Hongrie n’a ainsi pas encore ratifié la Convention d’Istanbul qui vise l’élimination des violences faites aux femmes. Comme dans tous les pays gouvernés par la droite réactionnaire et l’extrême droite, Orban, ses ministres, ses député·e·s, ses médias et sa cour sont en guerre contre l’article 3 de la Convention et en particulier L’alinéa c) qui dispose que « le terme « genre » désigne les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits, qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes ». Les réactionnaires contestent cet article et dénoncent ce qu’ils caricaturent sous le terme d’« idéologie du genre ». Pour eux, seul compte le sexe biologique qui assigne, par nature, les femmes et les hommes à des rôles précis. Dans leur conception, l’hétérosexualité est la norme et tout autre conception de la sexualité, du couple ou de la famille est une déviance qu’il faut combattre. L'Église orthodoxe, puissante au sein de la société hongroise, se charge de renforcer cette croyance.

Orban interdit la Pride au nom de la protection de l’enfance
Quelques mois avant l'élection de Trump, la démission de l’ambassadeur des État-Unis en Hongire, David Pressman, qui assurait la promotion de la Pride à Budapest, a laissé le champ libre au premier ministre Orban pour annoncer l’interdiction de la Marche des fiertés 2025. Implacable, ce dernier a prévenu les associations que toute action pour organiser la Pride, serait une « perte de temps et d’énergie » et il a commencé, le 18 mars, à mettre en œuvre ses menaces avec le vote au Parlement hongrois d’un projet de loi l’interdisant.

Depuis 2018, la Hongrie a décliné des mesures anti LGBT destinées à asseoir un régime illibéral (qui associe libéralisme économique et reculs drastiques sur les droits des femmes, des personnes LGBTQIA et des minorités au nom du « réarmement démographique » et a interdit « les études de genre, l’inscription du changement de sexe à l’état civil et l’adoption par les couples homosexuels ». En 2019, le parlement a inscrit dans la Constitution hongroise une définition du mariage qui est « l’union d’un homme et d’une femme ». Depuis une loi de juin 2021, l’homosexualité assimilée à la pédophilie, ne peut plus être évoquée auprès des mineurs au nom de la protection de l’enfance. Ainsi est pénalisée « la mise à disposition aux enfants de moins de 18 ans des contenus qui montrent ou encouragent la sexualité en elle-même, le changement de genre ou l’homosexualité » dans les médias et la publicité. Toute manifestation de signes LGBTQIA est interdite aux abords des écoles, des églises et de lieux recevant des enfants.

A ces interdictions, Orban ajoute l’humiliation des insultes. Il a ainsi comparé ses opposants politiques, défenseurs des libertés LBGBTQIA, de “punaises” à éliminer : « Viendra bientôt le grand nettoyage de Pâques, car les punaises ont survécu à l'hiver (…) Nous liquiderons cette armée de l'ombre. » (https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/regarde-le-monde/regarde-le-monde-du-mardi-18-mars-2025-2578062).

La Russie de Poutine inspire le premier ministre hongrois qui d’ailleurs est le seul dans l’UE à lui apporter son plein soutien dans sa guerre d’agression à l’égard de l’Ukraine. Poutine trace ainsi la route en allant plus loin encore. Dans un climat de guerre qui met à mal la démographie russe, le parlement russe a créé une loi qui pénalise le fait de faire la promotion de « la vie sans enfant » ou d’une vie qui incarnerait la décadence de l’Occident. Dans la foulée, la Douma a aussi interdit à des ressortissants de pays autorisant la transition de genre et son inscription dans l’État civil, l’adoption d’enfants russes.

EMMA : un combat féministe antiraciste
L’association EMMA agit pour la santé sexuelle et reproductive des femmes. D'abord par une ligne d'appel anonyme, pour que les femmes puissent évoquer les difficultés qu'elles rencontrent dans leur maternité, les expériences de violences obstétricales, l’accès à la contraception et à l’avortement devenu de plus en plus compliqué. Les Emma’s hub permettent de dialoguer entre femmes, en ligne ou en présence, sur les façons de conjuguer militantisme, emploi rémunéré, maternité et centre d’intérêts personnels. En partenariat avec d’autres associations, EMMA a créé un quinzaine de communautés Doula dans l’Est de la Hongrie qui aident les femmes notamment issues des minorités rom à s’organiser quant à leurs droits sexuels et reproductifs. Le principe de ces Doula et celui de la formation entre pairs, des femmes apprennent à organiser leur travail commun et forment à leur tour d’autres femmes. EMMA accompagnent aussi les femmes qui vivent à la rue notamment dans les aspects sexuels et reproductifs et mènent des actions avec elles auprès des autorités pour les aider dans leurs démarches sociales.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, EMMA est mobilisée sur un projet humanitaire en soutien aux personnes déplacées et notamment celle de la communauté Rom ukrainienne. En lien avec les communautés Doula pour les droits sexuels et reproductifs et pour les mères qui viennent d’accoucher, les travailleuses de terrain d’EMMA ont accueilli des centaines de femmes réfugiées qui sont systématiquement victimes de racisme anti-rom (anti-tziganisme). Dans un rapport de 2024 (« And Then We Reached the Border : There Were a Million Women! » Expériences of Roma Refugee Women from Ukraine with Sexual and Reproductive Healthcare in Hungary - in the light of the EMMA Association’s Humanitarian Programme, ), elles rendent ainsi compte de leur travail pour aider ces femmes souvent mineures confrontées à des situations très complexes. Leur rapport laisse aussi une large place à la parole des 21 réfugiées rom qu’elles ont interviewées et qui ont entre 16 et 48 ans. Toutes sont accompagnées pour des questions de contraception, certaines pour des grossesses mais aussi des avortements pour 4 d’entre elles. Dans un pays où l’accès à l’IVG s’est complexifié -en 2011, la défense du droit à la vie dès le moment de la conception du foetus a été inscrit dans la Loi Fondamentale- de nouvelles lois viennent entraver la possibilité d’avorter par des moyens de plus en plus cruels comme cette loi qui oblige depuis 2023, les femmes qui veulent avorter à écouter auparavant le battement de coeur du foetus. On imagine la difficulté d’accès que cela représente pour les femmes vulnérables, victimes de multiples discriminations. Souvent, la plupart des femmes sont contraintes de se rendre en Slovaquie ou en Autriche pour mener à bien leur avortement.
Des violences obstétricales accrues


Mais quand on veut mener une grossesse à terme, les violences obstétricales sont tout aussi dangereuses pour les femmes à plus forte raison pour les femmes migrantes et rom. Le rapport d’EMMA évoque le cas de Eva, qui se trouve en lutte à de multiples violences obstétricales. Vanda, connaît aussi les mêmes difficultés. Mineure arrivée d’Ukraine à la gare de Nyiugati, elle a été étonnée de ne recevoir aucune information en tant que réfugiée de guerre. Sa sensation d’abandon va disparaître grâce au soutien de la travailleuse de terrain de l’association EMMA, A., qui va accompagner Vanda dans les premières semaines de son arrivée d’Ukraine. Celle-ci a été contrainte de laisser son père veuf et handicapé au soin de sa nouvelle compagne pour tenter de se sauver. Elle est partie avec un ami et tous les deux ont d’abord vécu à l’hôtel. Vanda s'est retrouvée enceinte. A. l’a accompagnée dans sa grossesse et dans toutes les questions sociales auxquelles elle s’est trouvée confrontée pour organiser l’arrivée de son enfant. Non seulement le soutien a été matériel et social mais également humain comme le souligne avec insistance la jeune femme dans le rapport.

Dans tous les autres témoignages, les mêmes expériences rapportent la détresse, la peur, la panique de ces réfugiées qui sont essentiellement des femmes et des enfants, et auxquels s’ajoutent les difficultés d’argent, les questions de santé physique ou mentale, et surtout le racisme qu’elles vont endurer. Même lorsqu’elles ont les deux nationalités, ukrainienne et hongroise, les réfugiées rom sont traitées comme des sous-réfugiées. Vanda le ressent dans la difficulté à obtenir des informations. Dans les quelques refuges qui sont mis à leur disposition, l’ONU a constaté que les réfugiées rom sont regroupées dans des camps où leur agentivité est réduite : elles ne peuvent disposer de moyens pour se faire à manger, la connexion à internet est rationnée pour que les enfants ne passent pas leur vie sur les portables, infantilisant leurs parents et rendant difficiles les contacts avec l’association EMMA. L’accès au logement dans un État qui depuis 15 ans a rendu les migrations plus difficiles, est accentué par le fait que les logements d’urgence ne sont pas adaptés à des familles qui s’installeraient pour une longue durée, avec des commodités sanitaires très précaires et sont parfois difficiles d’accès ou isolés. Leur gestion est confiée à des organisations non-étatiques qui se débrouillent avec les moyens du bord.

Convention d'Istanbul et actualité des féminicides : l’association Patent résiste
Difficile dans ce contexte, de lutter contre les violences de genre et en particulier les féminicides. Pour les organisations de défense des droits humains, les faits de violences à l'égard des femmes sont très nombreux dans un pays marqué par le machisme. Selon un rapport de 2024, « plus de 54% des Hongroises disent avoir subi des violences psychologiques, physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, le taux le plus élevé de l’UE ». Mais de toute l’Europe centrale « les femmes victimes de violences sont moins de 16% à s’adresser à la police pour porter plainte car la société est, d’après les experts, saturée de préjugés machistes » (https://www.la-croix.com/en-hongrie-un-feminicide-provoque-le-sursaut-20250307 et https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/eu-gender_based_violence_survey_key_results.pdf)

Julia Spronz de l’association Patent (https://www.patent.org.hu/en/about-us) explique que son organisation créé en 2006 apporte un soutien juridique, psychologique et social aux victimes de violences conjugales. L’association fait aussi des propositions législatives et forme des intervenant·e·s. L’activité de l’association Patent peut s’appuyer sur quelques maigres éléments législatifs pour aider les femmes victimes de violences patriarcales. Par exemple, pendant la Crise du covid 19, le décret gouvernemental adopté le 4 mai au soir dispose que, malgré l’urgence sanitaire, la police a pu « ordonner aux auteurs de violences de ne pas approcher les victimes et leur fournir des solutions de relogement. ». Ceci a ainsi offert à cette période « un mince espoir à de nombreuses femmes qui subissent des violences et dont les cas ne font pas l’objet d’enquêtes ».  https://www.amnesty.org/fr/latest/press-release/2020/05/hungary-blocking-of-domestic-violence-treaty-further-exposes-women/

Féminicide de la femme japonaise, le sursaut ? 
Grâce à des fonds étrangers un poste a été créé qui permet à une juriste d’intervenir dans deux grandes villes de Hongrie : Szeged, au sud, et Debrecen, à l’Est. Cependant ces avancées matérielles sont elles aussi menacées, Orban ayant exprimé sa volonté de couper les aides financières venues de l’étranger. Mais Julia Sponz nous indique que les choses pourraient peut-être changer. Le 29 janvier dernier, un féminicide a en effet contraint le pouvoir à agir. Une campagne « Zéro tolérance » a été lancée pour éradiquer les violences faites aux femmes. M. Vitályos, le porte-parole du gouvernement a ainsi ré-affirmé sans ciller « l'engagement de longue date du gouvernement en faveur de la protection des femmes et des familles » et affirmé que « aucun appel à l'aide ne doit rester sans réponse». (https://www.hungarianconservative.com/articles/current/hungarian-government-reform-violence-women-domestic-abuse/)

Pourtant cette tragédie a mis en évidence des failles immenses dans le système, nécessitant des réformes urgentes. À l’origine de ce revirement, le féminicide d’une femme japonaise qui était accompagnée par Julia de l'association Patent jusqu'à son assassinat le 29 janvier dernier. Victime de violences conjugales de la part de son mari irlandais, M. est morte des suites de ces violences. Son époux a voulu dissimuler son crime en mettant le feu à leur appartement. La police a initialement évoqué un accident lié à un mégot de cigarette qui aurait embrasé l'appartement de cette femme. Dans les réseaux sociaux, les services de police avaient même tourné en dérision la version des féministes qui dénonçaient l'absence de suivi et de prise en considération des nombreuses plaintes de M.. La dimension internationale de l'affaire a attiré l’attention des médias étrangers dont un article de La Croix, le 7 mars dernier. Cette intervention de médias étrangers semble avoir porté ses fruits. À l’issue d’une mobilisation des amies de cette femme et des organisations féministes qui a réuni quelques centaines de personnes et grâce à la pression des médias internationaux, la police a finalement présenté ses excuses en reconnaissant qu’elle avait failli et n'avait pas apporté la réponse qu'elle aurait dû apporter aux violences dont M était victime. Une première en Hongrie. Elle s’est ainsi excusée pour « tous ceux qui se sont sentis, à juste titre, indignés, offensés, insultés » et le gouvernement a promis « zéro tolérance » sur le sujet. » Elle s’est engagée à reprendre tous les cas classés sans suite ou non-résolus de l’année dernière. L’association Patent vient même de commencer ses premières formations à la police pour sensibiliser aux violences faites aux femmes comme le suggère la Convention d'Istanbul... 
https://www.la-croix.com/en-hongrie-un-feminicide-provoque-le-sursaut-20250307

Feminist akcio, la relève
À la suite de cette affaire, des voix se sont à nouveau élevées en Hongrie pour demander une « réforme d’ampleur » contre les violences de genre. La ratification de la convention d’Istanbul a ainsi été au cœur des discours qui ont rythmé les trois heures du défilé du 8 mars de Budapest qui a rassemblé quelques centaines de féministes. Des revendications féministes anti-fascistes, anti-racistes, anti-colonialistes et une succession de trois temps de discours dénonçant la transphobie de l’État et l’hypocrisie d’une société incapable de défendre la santé et la dignité des femmes. Avec le mot d’ordre « Pas une de moins » le collectif Feministe akcio (a animé un défilé dont les mégaphones étaient prêtés par la Pride, qui s’est rendu devant des lieux symboliques du pouvoir, le ministère de l’intérieur et une église (les drapeaux LGBTQIA sont interdits aux abords des églises) notamment. Le tract qui appelait à la manifestation disait :

“Samedi, rendez-vous à la manifestation ! 🔥

La discrimination à l'égard des Roms dans les hôpitaux, les viols obstétriques, les récits horribles d'examens gynécologiques, les vaccins contre le papillomavirus préventifs du cancer hors de portée des pauvres et l'arrestation de médecins qui travaillent avec des personnes transgenres font partie de notre oppression commune.

L'État hongrois donne aux mères, d'une main, et leur retire, de l'autre, tant de choses qui contribueraient à leur liberté et à leur sécurité. Nous n'avons pas besoin d'une réduction d'impôts, nous avons besoin du même salaire que les hommes !

Si une femme est maltraitée par son mari, la police balaie la plainte du revers de la main, la moitié (!) des femmes violées n'osent même pas porter plainte. Et dans les cas de divorce, le tribunal peut ordonner la séparation forcée de l'enfant, même si l'on sait que l'autre parent est un violeur.

Notre gouvernement est anti-femmes et nos autorités de tutelle sont anti-pauvres !

Les mesures qui restreignent le droit des homosexuel·le·s à se réunir et qui rendent plus difficile l'accès des personnes transgenres aux soins de santé ne protégeront pas les enfants de la violence domestique.

La sécurité des mères et de leurs enfants ne signifient rien pour le gouvernement !

Nos femmes âgées ont passé la majeure partie de leur vie dans un monde centré sur les hommes, dans des emplois mal payés et méritent le plus grand respect possible de la part de la société, mais elles se retrouvent aujourd'hui avec l'une des pensions les plus basses d'Europe, des tâches ménagères invisibles et des soins non rémunérés à des parents âgés à la maison. Le système ne se soucie pas des conditions de vie précaires des femmes âgées.

Chaque mot humiliant, chaque coup, chaque cruauté ne fait que renforcer notre détermination à nous unir et à crier ensemble nos revendications : pas une de moins !”

Depuis les locaux de l’association EMMA, Anna et Julianna nous ont montré les fenêtres de l'appartement où s’est déroulé le féminicide de M et au pied duquel ses amies ont déposés origamis, fleurs et messages d’amour. Il reste les traces de fumée de l’incendie. Ce sont les employées de EMMA qui ont alerté les pompiers. La Hongrie peut compter sur elles et sur les jeunes antifascistes de la rue pour continuer le combat : leur force est illimitée. Les féministes que nous avons rencontrées sont combatives et déterminées à ce qu’il n’y en ait pas une des leurs de moins !” (https://www.instagram.com/feminista__akcio/)

La file d’attente pour le dépôt des bagages à l’aéroport de Budapest semble interminable. Les touristes qui viennent en Hongrie faire la fête, quand ils n’ont pas le nez baissé sur leur portable, peuvent contempler les immenses panneaux de 3 mètres sur 3 du site gouvernemental csalad.hu placardés derrière le dépôt de bagages : « La Hongrie est l’amie des familles ». Les affiches sont traduites dans une dizaine de langues. Le site y indique toutes les possibilités fiscales qui sont supposées inciter les femmes hongroises à avoir des enfants. L’indice démographique de la Hongrie avec un taux de fécondité de 1,38 par femme, ne cesse cependant de diminuer. On ne peut s’empêcher de penser à la famille de M. dont les enfants dorénavant orphelins de leur mère attendent encore de pouvoir rejoindre les leurs au Japon.


Violaine Lucas, le 7 avril 2025