Communiqué de presse
Verdict du procès des viols de Mazan : la lutte continue !
« Le procès n’est qu’une phase dans la lutte des femmes, qui se nourrit de ses autres luttes et les nourrit dialectiquement en retour. Ne pas l’isoler de ce qui, dans le pays, fait la loi,
la culture, la politique, le rendre le plus largement public en y associant tous les mouvements, les groupes ou ceux et celles qui, à leur manière ou à leur rythme, se battent pour un changement
de nos rapports et des mentalités, cela demeure pour Choisir, la règle. »
Les mots de Gisèle Halimi, écrits dans le sillon du procès d’Aix de 1978, résonnent et nous confirment que si le procès des viols de Mazan s’achève aujourd’hui par ce verdict, la lutte féministe contre le viol et pour un monde nouveau continue.
Cette lutte ne peut d’ailleurs que continuer enorgueillie par la radicalité du choix de Gisèle Pélicot de refuser le huit-clos, qui fut l’un des enjeux majeurs il y a plus de 45 ans à Aix lors du
procès des viols commis sur Anne Tonglet et Araceli Castellano. Ce choix est d’autant plus radical que la réticence de la société à regarder le viol pour ce qu’il est, c’est-à-dire un crime
ordinaire commis par des hommes ordinaires, est grande.
Durant ces 15 semaines de procès, la société n’a pourtant eu d’autre choix que d’écouter et de regarder. Assez pour tracer suffisamment de fissures dans le mur de ce déni social qui s’accommode
que des femmes soient violées en masse mais qui ne supporte pas qu’elles le disent et réclament justice ? Nous disons que oui et qu’il est vital de défoncer ce mur. Seule la puissance de nos
luttes féministes radicales permettra cela.
Après le procès d’Aix, Choisir la cause des femmes avait proposé l’adoption d’une nouvelle loi sur le viol qui incluait, notamment, une nouvelle définition du viol. Ainsi, depuis 1980, le viol
est défini comme tout acte de pénétration commis par « violence, contrainte, menace ou surprise. » Nous sommes aujourd’hui convaincues qu’il faut que la loi évolue à nouveau pour
définir clairement ce qu’est le consentement et ce qu’il n’est pas.
En Europe, plusieurs pays ont déjà opéré ce changement : c’est le cas notamment de la Suède, de l’Espagne ou encore de la Slovénie. Il faut faire peser sur chacun·e l’obligation de s’assurer
du consentement de sa·son partenaire avant chaque contact sexuel. S’il est prouvé que la victime n’a pas manifesté librement et clairement, par des mots ou des gestes, son consentement alors il y
a viol. Durant 15 semaines, les violeurs de Mazan ont dit qu’ils pensaient que Gisèle Pélicot était consentante alors qu’elle était inerte en état de soumission chimique. Il est temps que cette
ligne de défense abjecte fondée sur des suppositions soit rendue inopérante.
À Gisèle Pélicot nous voulons dire toute notre gratitude et notre sororité. Elle a marqué l’histoire. Nous pensons à elle aujourd’hui avec une force et une tendresse particulières mais nous
penserons à elle demain et tous les autres jours de notre lutte, sa lutte, de notre révolution.
Paris, le 19 décembre 2024
Coordonnées: contact@choisirlacausedesfemmes.org
Press release
Mazan rape trial verdict: the fight goes on!
(English version)
"The trial is just one phase in the women's struggle, which feeds on its other struggles and dialectically nourishes them in return. Not to isolate it from what, in the country, makes the law,
culture and politics, to make it as widely public as possible by associating with it all the movements, groups or men and women who, in their own way or at their own pace, are fighting for a
change in our relationships and mentalities - this remains, for Choisir, the rule."
Gisèle Halimi's words, written in the wake of the 1978 Aix trial, resonate and confirm that while the Mazan rape trial ends today with this verdict, the feminist struggle against rape and for a
new world continues.
This struggle can only continue, proud of Gisèle Pélicot's radical choice to refuse the eight-clos, which was one of the major issues more than 45 years ago in Aix during the trial for the rapes
of Anne Tonglet and Araceli Castellano. This choice is all the more radical given society's reluctance to view rape for what it is - an ordinary crime committed by ordinary men.
During the 15-week trial, however, society had no choice but to listen and watch. Enough to make enough cracks in the wall of social denial, which accepts that women are being raped en masse, but
cannot bear to hear them speak out and demand justice? We say yes, and that it's vital to break down this wall. Only the power of our radical feminist struggles will make this possible.
After the Aix trial, Choisir la cause des femmes proposed the adoption of a new law on rape, including a new definition of rape. Thus, since 1980, rape has been defined as any act of penetration
committed by "violence, constraint, threat or surprise." Today, we are convinced that the law needs to evolve once again to clearly define what consent is and what it is not.
In Europe, several countries have already made this change, including Sweden, Spain and Slovenia. Everyone must be obliged to ensure their partner's consent before any sexual contact. If it is
proven that the victim has not freely and clearly expressed her consent, by word or gesture, then rape has been committed. For 15 weeks, the Mazan rapists said they thought Gisèle Pélicot was
consenting, even though she was inert and in a state of chemical submission. It's time for this despicable line of defense, based on supposition, to be rendered ineffective.
To Gisèle Pélicot we express our gratitude and our sisterhood. She made history. We think of her today with particular strength and tenderness, but we will think of her tomorrow and every other
day of our struggle, her struggle, our revolution.
Paris, December 19, 2024
Contact details: contact@choisirlacausedesfemmes.org