"Je ne regrette pas d'avoir avorté, car cet enfant aurait été à l'Assistance et malheureux. » C'est ainsi que Marie-Claire Chevalier termine sa disposition devant les juges du tribunal pour enfants de Bobigny.
Elle obtiendra la relaxe alors qu'elle était poursuivie pour avortement à la suite d'un viol.
Cette date, le 11 octobre, inaugure le 50e anniversaire du procès de Bobigny grâce auquel, aujourd'hui en France, les femmes ont la liberté de choisir de donner la vie.
En effet, à la suite du procès à huis-clos de Marie-Claire, celui de sa mère, employée du métro, et de deux de ses collègues ayant aidé la jeune fille à avorter, du 8 au 22 novembre va rendre caduque, de façon irréversible, l'application de la la loi de 1920 pénalisant l'IVG, qui sera abrogée par la loi de 1975.
Le numéro d'octobre de la revue Historia retrace les événements qui conduisirent donc cette jeune mineure sur le banc des accusés puis le procès de sa mère.
L'article de l'historienne Catherine Valenti, met aussi en lumière le rôle déterminant du Pr Paul Milliez, professeur de médecine, qui vint affirmer lors du procès qu'il aurait aidé Marie-Claire Chevalier à avorter si elle le lui avait demandé. La notoriété du médecin, relayée par la presse populaire de l'époque et la télévision, incita un certain nombre de femmes à lui écrire pour lui demander de l'aide à la suite de son témoignage.
Ces lettres, données par le Pr Milliez à Gisèle Halimi qui les versa aux archives de Choisir, sont présentées dans un second article d'Historia. Elles permettent de dresser un portrait sociologique des femmes qui avaient recours à l'avortement clandestin dans les années 70 en France. Toujours des femmes démunies économiquement et socialement, laissées à la merci de médecins parfois peu scrupuleux.
Nous vous recommandons la lecture de cet article important pour comprendre le processus de ce procès exceptionnel, à la veille de ses 50 ans.
À cette occasion, Choisir la cause des femmes, publiera une nouvelle édition du Procès de Bobigny (texte in extenso des débats et jugements) qui avait été publié aux éditions Gallimard, au lendemain de cet événement historique.