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Hommage : Choisir salue la mémoire de Marie-Claire Chevalier


Choisir la cause des femmes salue la mémoire de Marie-Claire Chevalier, la jeune fille courageuse de 1972 grâce à qui les femmes ont pu acquérir le droit de choisir de donner la vie. 
Marie-Claire Chevalier avait 16 ans lorsqu’elle avorta clandestinement à la suite d’un viol. Elle fut dénoncée à la police par son violeur. Le procès de Bobigny, en novembre 1972, est le procès de cette jeune femme et de celles qui l'aidèrent à avorter : sa mère et ses collègues de travail qui aidèrent à l’avortement.
Mais si celui-ci devint le procès de rupture grâce auquel les femmes purent accéder au droit de Choisir de donner la vie par la Loi Veil de 1975, c’est avant tout grâce à cette jeune fille.
Soutenue par ces femmes qui prirent collectivement et sororellement la responsabilité de transgresser la loi de 1920, Marie-Claire devint l’icône et l’incarnation de celles qui comme elles refusèrent de se résigner à un sort tracé par une loi injuste et l’hypocrisie sociale. Ses femmes, prirent un risque pénal lourd de conséquences pour ne pas laisser une adolescente subir une grossesse non désirée avec, très clairement inscrite dans leur détermination, l’espérance que plus jamais aucune femme n’aurait à mettre sa vie en danger et à se retrouver dans le box des accusées pour avoir osé choisir d’avorter.
Cette responsabilité elles la prirent et en tout premier lieu, Marie-Claire Chevalier la prit, en ayant parfaitement conscience du geste politique qu’elle constituait. En effet, assumer le choix de ne pas mener une grossesse à son terme n’était pas un choix qui se posait de la même façon pour toutes les femmes. Ni celles dont les maris étaient de « Hauts commis de l'État, médecins célèbres, grand avocat, PDG de société » ni « la maîtresse de ces mêmes messieurs » ne se trouvèrent jamais sur le banc des accusées, comme le dit Gisèle Halimi à Bobigny. En revanche, sur cent femmes condamnées pour avoir avorté dans les années 1970, 26 étaient sans profession, 35 employées de bureau, 15 employées de commerce et d’artisanat, 16 dans l’enseignement primaire ou agents techniques, 5 ouvrières, 3 étudiantes.
Le courage de Marie-Claire fut de revendiquer ce droit pour les femmes du peuple. Son acte de désobéissance, revendiqué,  fédéra des centaines et des milliers de soutiens dont les archives de Choisir se font l’écho. Des milliers de femmes qui, coupées de toute relation sociale, privée de tout pouvoir économique comprirent qu’il n’y avait aucune fatalité dans le fait de se trouver face à une grossesse non-désirée.
Certaines d’entre nous ont rencontré à Choisir Marie-Claire Chevalier. Nous gardons d’elle, le souvenir d’une femme discrète et timide, témoignant de son travail auprès de personnes âgées dont elle voulait protéger la fragilité, la vulnérabilité. Le mouvement féministe de l’époque, nous-mêmes, féministes d’aujourd’hui, savons ce que nous devons au courage et à la détermination de cette jeune fille de 16 ans et à sa maman, Michèle, à qui nous adressons nos très sincères condoléances comme nous les adressons à la fille et au compagnon de Marie-Claire.