Voici le texte de la tribune que Choisir a publié dans le Libé du 19 mai avec d'autres signataires (liste en fin d'article).
Pour l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon
Gisèle Halimi s’est engagée dans les causes qui ont façonné le XXe siècle. Née dans un protectorat français, la Tunisie, Gisèle Halimi a très tôt manifesté son admiration pour les valeurs de la
République et sa volonté d’en connaître toute la culture. Convaincue de la puissance de l’instruction, elle lutta dès l’enfance pour accéder à l’école de la République, et s’émanciper du poids du
patriarcat et de sa condition sociale.
Sa découverte du racisme et de l’antisémitisme dans le territoire hexagonal lui fit prendre conscience du caractère indigne de la colonisation et de l'impérieuse nécessité de rendre à la France
la cohérence de sa devise Liberté, Égalité, Fraternité à laquelle elle ajoutait la sororité. Soulevant les paradoxes d’une devise qui ne s’appliquait pas aux personnes colonisées, elle comprit
très tôt que son combat devait être du côté des opprimé.e.s ou des oublié.e.s de la République : les peuples colonisés, les pauvres, les femmes. C’est forte de cette expérience intime de
l’injustice, qu’elle s’engagea, au péril de sa vie, dans le combat dé-colonial de la guerre d’Algérie par la défense des combattant.e.s du FLN.
La défense de Djamila Boupacha fit converger pour la première fois son combat en faveur de l’émancipation des peuples et celui pour la dignité des femmes. Questionnant la loi, provoquant le
débat, exigeant un Justice vivante, elle défendit la cause des femmes envers et contre tout. Du procès de Bobigny où elle dénonça l’injustice de la loi pénalisant l’avortement, au procès d’Aix où
elle exigea que le viol soit jugé comme le crime qu’il est, elle fut une avocate révoltée et révolutionnaire.
Femme politique, elle obtint la dépénalisation de l’homosexualité. Elle lutta inlassablement pour la parité, notamment au sein de l’Observatoire de la Parité.
Elle fut une adversaire acharnée des violences d’État et de la torture, notamment en participant au tribunal Russell sur les crimes de guerre au Vietnam.
Écrivaine, elle publia une oeuvre autobiographique dans laquelle elle retraça les grands combats de son existence. Son attachement aux beautés de la langue française fut indissociable de son
amitié avec les plus grand.e.s intellectuel.le.s et écrivain.e.s du siècle : Simone de Beauvoir avec laquelle elle fonda Choisir la cause des femmes en 1971, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Aimé
Césaire et tant d’autres qui firent la grandeur du XXe siècle. Elle incarna la défense de la culture et de l’éducation comme diplomate à l’UNESCO et entretint des relations étroites avec de
nombreux pays notamment d’Amérique latine.
Elle a eu l’idée , dès 1979, de la Clause de l’Européenne la plus favorisée visant à harmoniser par le haut les droits des femmes européennes.
Oratrice hors-pair, femme de lettres et de culture, femme politique, avocate et féministe, elle a incarné les idéaux essentiels de notre République. L’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi reconnaîtrait son apport à l’Histoire de France.
Lien vers la pétition à copier:coller : https://www.change.org/AppelChoisirGiseleHalimiPantheon
Signataires :
Choisir la cause des femmes, association fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir
Collectif féministe contre le viol (CFCV)
Coordination française pour le lobby européen des femmes (Clef)
Femmes solidaires - Clara Magazine
Femmes Monde (association)
L’Assemblée des femmes
La Fondation des femmes
Le Planning familial
Marche Mondiale des femmes France
Osez le féminisme !
Réseau Féministe "Ruptures"
SOS Homophobie
FNCIDFF Fédération nationale des Centres d'information sur les droits des femmes et des familles
ADDP Association pour la défense de la démocratie en Pologne
Institut Women Safe & Children
Lauren Bastide, journaliste.
Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherches émérite au CNRS.
Mathilde Larrère, historienne.
Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, professeure de science politique à l’Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca).
Margaret Maruani, sociologue, directrice de recherches émérite au CNRS.
Sylvie Pierre-Brossolette, présidente de la Cité Audacieuse.
Benjamin Stora, Historien
Danielle Bousquet, Présidente de la Fédération nataionale des CIDFF
Laurence Rossignol; Présidente de l'Assemblée des femmes
Claudine Monteil, Présidente de Femmes Monde
Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Cité audacieuse
Frédérique Martz, Présidente du FDD Istitut en santé génésique, DG Institut Women Safe & Children
Joanna Lasserre, Présidente de l'Association pour la défense de la démocratie en Pologne
Martine Portnoé, Ancienne secrétaire Nationale de Choisir la cause des femmes