L'Argentine vient d'obtenir le droit d'accès à l'IVG libre et gratuite lors d'un vote au Sénat le 30 décembre 2020, deux ans après un premier rejet de cette loi, dans un pays très catholique et ultra-divisé sur la question.
Cette grande victoire a été rendue possible grâce à l'inlassable lutte de 300 associations féministes constamment mobilisées dans la rue pour revendiquer le droit à l'avortement. Dorénavant, les femmes pourront avoir accès à un IVG gratuite, sans condition, dans les 14 premières semaines de grossesse.
Auparavant régi par la loi de 1921, l'avortement n'était autorisé qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Concrètement, 370 à 520 000 avortements clandestins ont lieu par an en Argentine qui compte 44 millions d'habitant.e.s et environ 40 000 femmes sont hospitalisées chaque année pour soigner les suites de ces avortements clandestins. Beaucoup en meurent aussi. Présenté comme un sujet de santé public par le président de centre gauche Alberto Hernandez élu fin 2018, le candidat à la présidentielle avait fait du droit à l'avortement un de ses engagements de campagne.
La loi est assortie d'une possibilité pour les médecins d'opposer leur "objection de conscience" à cet acte, ce qui peut, on le sait, rendre difficile l'accès effectif à l'avortement. Mais cette victoire reste une très grande victoire dans une région du monde -l'Amérique latine- ou seuls Cuba, l'Uruguay, le Guyanna, l'État mexicain d'Oaxaca et Mexico autorisent l'avortement sans condition. Les milliers de manifestantes et féministes mobilisées depuis des années, qui sont restées jusqu'à 4h30 attendre les résultats du vote et le fêter toute la nuit prouvent, une fois de plus, que l'union fait la force et que cela vaut la peine de continuer à se battre !
Les féministes européennes doivent continuer à trouver énergie et force dans ces victoires, comme dans celle des Irlandaises il y a deux ans, pour continuer à revendiquer ce droit élémentaire : choisir ses grossesses. Nul doute que la Clause de l'Européenne la plus favorisée est aujourd'hui l'instrument le plus puissant pour que toutes les européennes puissent accéder aux mêmes droits, au plus haut niveau.