L'écoféminisme sera-t-il l'avenir des femmes en Europe et dans le monde ?
Lorsqu'en 1979, Gisèle Halimi et les militantes de Choisir la Cause des femmes, eurent l'idée de la Clause de l'Européenne la plus favorisée, elles s'inspirèrent de deux figures féministes importantes de l'époque. D'abord, Jacqueline Nonon, ancienne déléguée nationale à la Condition féminine et, en 1979, cheffe du bureau de l'Emploi des femmes à la Commission européenne et Jeanine Alexandre-Debray, sénatrice et auteure de Elections à l'Assemblée européenne : un objectif majeur et de Je suis féministe.[1]
Dans leur projet initial, ces femmes prévoyaient, comme le rappelle Gisèle Halimi dans la préface à notre ouvrage La Clause de l'Européenne la plus favorisée (éditions des femmes, Paris, 2008) de s'inspirer des lois les plus avancées en Europe pour tous les aspects de la vie des femmes européennes, mais en envisageant cette nouvelle modélisation du projet européen dans un horizon beaucoup plus large :
"Du droit de donner la vie -liberté de nos libertés- à celui de l'égalité professionnelle et politique, en passant par ce que nous avions nommé "Identité, dignité (femmes battues, femmes violées, femmes prostituées)". Huit titres, au total. Dont la paix, l'environnement, l'abolition de la peine de mort... comme on le voit, nous avions fait bonne mesure et c'était notre honneur.
Dépasser dans notre étude notre seule condition révélait d'une manière irréfutable que nous nous reconnaissions aussi responsables de l'avenir du monde. Militant depuis toujours pour l'abolition de la peine de mort, "Choisir plaçait d'emblée son combat pour les femmes au niveau de l'universel et d'une avancée indispensable de civilisation."[2] (c'est nous qui soulignons)
Viser dans ce projet pour les femmes, "la paix, l'environnement, l'abolition de la peine de mort..." Plaider pour un projet qui "dépasse notre seule condition" pour nous reconnaître nous, femmes féministes, "responsables de l'avenir du monde", c'était déjà accorder au combat spécifique des femmes une visée globalisante dans laquelle convergeait : défense de la planète et défense des droits des femmes.
Cette fin des années 70 donnait d'ailleurs l'exemple à la faveur des luttes écologistes et, notamment, anti-nucléaires. Du camp des femmes de Greenham common au Royaume-Uni ; des femmes de Plogoff mobilisées contre le projet de centrale nucléaire ; mais aussi dans le monde entier : le mouvement indien "Chipko" de femmes qui se sont se sont battues dans les années 1970 contre la déforestation en étreignant les arbres. Ou, au Kenya, le mouvement de la "ceinture verte" fondé par Wangari Muta Maathai. Françoise d'Eaubonnes, Dans les années 1970, donne un nom à mouvement qui associe écologie et féminisme dans Le féminisme ou la mort : l'écoféminime. Emilie Hache a réuni dans Reclaim (Cambourakis, 2018) tous les écrits éco-féministes qui ont contribué à rendre compte de ce mouvement.
Comment la Clause de l'Européenne la plus favorisée peut-elle s'ouvrir à ce nouvel horizon qui doit tout mettre en oeuvre -et ce serait notre "honneur"- pour montrer que féministes, "nous nous reconnaiss(ons) aussi responsables de l'avenir du monde" ?
Yeswomen.eu sera invitée du Rendez-vous des futurs ce mardi soir, 29 octobre 2019, à 19h pour une émission spéciale au côté des Engraineuses, collectif organisateur du premier Festival écoféministe.
http://lecube.com/programmation/rdvf-29oct-19
[1] Cité dans La clause de l'Européenne la plus favorisée, éditions des femmes, Paris, 2008, page 5
[2] Ibid, page 12.